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LES ORIGINES DE LA MUSIQUE

C’est déjà notre gamme moderne : deux tons relatifs : ré majeur, fa ♯ mineur.

Le sentiment d’une vérité tonale dont avaient conscience les philosophes grecs, mais qui ne se manifeste guère dans ce qui reste de leur art, nous le constatons ainsi dès les premiers siècles du christianisme.

Il ne fera que s’accentuer avec le temps et surtout à la Renaissance, sous l’influence des maîtres de la polyphonie vocale.

Et d’ailleurs, Trouvères et Troubadours, chanteurs et instrumentistes laïcs, contribuèrent singulièrement à ce mouvement d’unification modale, et aussi la Réforme.

Luther n’avait rien d’un iconoclaste[1] ; loin de détruire, il construisait avec des matériaux tirés du Graduel et de l’Antiphonaire[2]. Ses Chorals appartiennent à la tonalité moderne, et c’est sans évocation quelconque des anciens modes que, deux cents ans plus tard, Bach les harmonisera.

  1. On attribue souvent au maitre d’Eisenach la paternité de ses Chorals. Dans les Passions saint Mathieu et saint Jean, ainsi que dans toute son œuvre, seules les harmonisations sont de lui. Le thème de la mélopée, d’origine plus ou moins ancienne, appartient toujours à la liturgie luthérienne.
    xxxCelui du choral d’orgue O Mensch bewein’ dein’ Sünde gross est, paraît-il, dû à un chantre de Strasbourg.
    xxxLa biothèque de Munich possède l’unique exemplaire de l’édition parue en 1539 (Strasbourg) des Psaumes et Cantiques, la plupart avec des paroles de Clément Marot, quelques-unes de Calvin.
    xxxLes lansquenets, descendant sur Pavie pour y combattre François Ier, chantaient un vieux refrain de taverne aux paroles peu liturgiques. Luther en fit son Choral de l’Avent (Ch.-M. W. Sinfonia sacra).
  2. Le Graduel est le recueil des messes ; l’Antiphonaire, celui des antiennes.