par me dire, d’une voix où la moquerie était fortement trempée d’émotion :
— Vous êtes une bonne petite fille vous, Évangéline, une petite âme toute blanche.
Mais, comme nous passions devant le cabinet du docteur et que je recommandais à mon compagnon de ne pas faire de bruit :
— Je le déteste ! gronda l’enfant, les poings tendus vers cette porte close, derrière laquelle mon grand-père sommeillait.
— Pourquoi ? fis-je, interloquée.
— Je ne saurais le dire au juste, mais il doit mériter qu’on le déteste, répondit Jacques Holstein.
— Oh ! murmurais-je, sans autrement protester.
Et, dans ma conscience d’honnête petite fille, un remords s’élevait de l’espèce d’indifférence où m’avait laissée ce sévère jugement porté sur le père de mon père.
— Je déteste la vieille dame aussi, poursuivit Jacques, et la vieille demoiselle, et la servante, et toute la maison.
— Non, non, ne dites pas cela, m’écriais-je enfin, bouleversée par la véhémence du nouvel arrivant, par la façon dont ce gamin à physionomie placide traitait mes parents.
— Oui, reprit-il, quand nous fûmes parvenus à la lingerie, oui, je les déteste. Mon pauvre papa, qui m’a donné M. Veydt pour tuteur, ne pouvait