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II


Du jour de son départ de la maison, date mon entrée chez mes grands-parents.

Jusqu’alors, et, bien qu’elle connût vaguement, par les rapports des domestiques, l’état de santé de Mme Veydt, la famille s’était assez peu préoccupée de moi.

Ma mère était orpheline et beaucoup plus riche que son mari : elle avait un caractère indépendant, des idées hautes et peu bourgeoises, aussi ne s’entendait-elle guère avec ses proches, tous bourgeois entichés de l’esprit, des mœurs, des préjugés de leur caste.

M. François Lorentz, son frère, qui, du reste, n’habitait pas Bruxelles, mais Anvers, où il était armateur, trouvait ma mère romanesque et c’est à peine s’ils échangeaient les lettres banales qui sont de politesse courante entre personnes du même sang, de bonne éducation, désireuses de ne se point brouiller tout à fait : il écrivait au jour de fête de Mme Veydt, lui envoyait ses souhaits le premier janvier et, pour moi, de grands bonhommes en massepain. Quand on avait su officiellement la mort de mon père, il était venu, avec sa jeune femme,