vite la conversation. Je n’avais donc que Véronique pour m’accompagner dans ces pèlerinages et parler d’elle ; la bonne fille, élevée à la dignité de lingère chez les Lorentz, se trouvait au comble de la félicité et envoyait aux siens à peu près tous ses gages, sans compter les cadeaux dont ma tante, généreuse jusqu’à la prodigalité, accablait mon humble amie comme toutes les autres personnes de son service.
Mme Lorentz semblait vraiment m’avoir prise en vive affection ; elle ne pouvait plus se passer de moi ; je l’accompagnais à la promenade, chez ses fournisseurs, dans les rares visites qu’elle avait à faire. Elle me présentait à tout le monde de la façon la plus charmante, la plus flatteuse :
— Ma nièce, Mlle Évangéline Veydt, qui va demeurer auprès de moi désormais, qui ne me quittera que le jour de son mariage.
On la félicitait ; on lui disait que ma présence allait certainement donner de la gaîté à sa maison, de l’activité à sa vie, que je serais, pour elle, comme une fille déjà grandelette et qui lui arrivait tout élevée. Et elle répondait :
— Justement : Line est le soleil, elle est la lumière de notre logis, et je me demande comment nous avons pu nous passer d’elle si longtemps !
L’excellente créature était sincère à ce moment : elle m’aimait de tout son cœur, prenait plaisir à voir ma joie, à entendre mes réparties