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ÂME BLANCHE

Après Tyll Uylenspiegel venait généralement Ommeganck, le géant célèbre et très bête dont la fille, Hélèna, fit accomplir un prodige à son amoureux : ce dernier construisit en une nuit, pour plaire à sa dame, un escalier formidable qui relia Bruxelles à la montagne de Ruysbroeck.

— … Et dont les vestiges existent encore aujourd’hui, ne manquait pas d’ajouter Véronique, en attirant mon attention sur le quartier de la Steenpoort [1] et cette rue de la « Montagne du Géant », si rapide, où, d’après elle, avait été jadis le fabuleux escalier de la tradition. Des nains, d’actifs et ingénieux nains seraient venus en aide, selon ma narratrice, à l’amoureux d’Hélèna ; et cela me donnait une haute idée de la supériorité de ces nains sur le géant Ommeganck que, dans l’histoire, il s’agissait surtout de bafouer et qu’on bafouait adorablement. Quant à Hélèna et à sa famille, je les connaissais. — Ne les avais-je pas vus passer dans la rue Marcq, sous forme d’immenses mannequins lors d’une récente kermesse de Bruxelles ?

— Ce sont eux, en effet, confirmait Mlle Ruys, avec un sérieux imperturbable : la Ville, par ces figures colossales, a voulu immortaliser le souvenir du temps où elle abritait une population de géants. Si puissants que fussent ceux-ci,

  1. Porte de pierre.