— Votre maman ? exclama-t-elle, stupéfaite, en se retournant vers moi, qui venais d’entrer et me tenais contre la porte.
— Oui, voir maman, répétais-je, plus énergique.
La vieille demoiselle devint, tour à tour, fort rouge et fort pâle. Elle abandonna ses fruits, s’approcha de moi jusqu’à pouvoir me toucher et finit par me dire brutalement :
— Mais elle est folle !
— Je le sais, fis-je, avec assurance.
— Mais elle est dans une maison de santé et n’en peut sortir.
— Je le sais, répétais-je encore une fois. Je sais où elle est et qu’elle n’en peut sortir ; mais j’irai à elle, moi !
Quelque chose comme une émotion furtive passa sur le froid visage de Mlle Veydt ; elle me prit la main et, d’un ton radouci :
— C’est un spectacle bien douloureux, ma pauvre enfant, celui au-devant duquel vous souhaitez aller. Cependant, comme il est fort juste que vous ayez le désir de voir votre mère, je vais demander cette permission pour vous au docteur.
Elle y courut sur-le-champ. Je la suivis jusqu’au seuil du cabinet de mon grand-père, où je restai, anxieuse de la réponse de celui-ci, et j’entendis qu’il blâmait mon idée d’aller à Uccle.
— Mauvais, mauvais, prononça-t-il. La malade est incurable : hypomanie chronique. Elle ne