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Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/338

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Madame abandonnait son métier, plantait l’aiguille au beau milieu de la libellule dont elle était en train de combiner les nuances et, tendant le cou, extrêmement curieuse :

— Voyons, qu’est-ce qu’on porte ?

— Oh ! des choses hardies, d’une extravagance !… Des soies brochées, à grands fleurages, des lamés d’or et d’argent… et les paniers qui reviennent !… Très excentriques, les paniers, beaucoup de chic, pourvu que la femme soit élégante… Tout dépend de la femme. Par là-dessus, les cols mousquetaire en guipure de Venise, pour la promenade, et les chapeaux chargés de petits oiseaux des îles. Le soir, des gazes, le satin turc, de la dentelle, en nuages, sur les jupes de crêpe de Chine ; des foulards chiffonnés avec, ici et là, un volant de chantilly, une berthe en alençon : la toilette « négligée » bien ville d’eau. Au Skating, ce sont les costumes complets, en cachemire de l’Inde héliotrope ou sang de bœuf, col officier très montant, redingote doublée de soie claire, et… le dernier genre, un feutre mou à aigrette, légèrement incliné sur l’oreille : l’air crâne.

Madame écoutait, très attentive, buvant les paroles de son amie : comme quelqu’un qui entend parler sa langue maternelle tout à coup, après des années d’exil.