garçon. Il était fort bien et avait très grand air.
On lui reconnaissait une intelligence supérieure, qu’il mettait au service d’une puissance, d’une science et d’un art, la politique.
La politique était sa seule passion. Il s’occupait de politique, non pas en homme riche, désœuvré, pour tuer le temps, mais par goût et avec enthousiasme. Au reste, il avait beaucoup d’ambition, et ne s’en cachait pas ; les vieux diplomates secouaient la tête d’un air entendu, en augurant que « ce garçon percerait. » Pour lui, il n’en doutait pas. Il voulait arriver et était de ceux qui veulent bien. Il n’y avait que deux ans qu’il était secrétaire d’ambassade, et déjà, on parlait de l’envoyer à Berlin pour je ne sais plus quelle mission diplomatique des plus délicates, qui demandait un homme intelligent, capable, et sur lequel on pût compter.
Envoyé extraordinaire à trente ans ! On chuchotait bien un peu, on trouvait cela fort ; mais la décision partait de haut, et Grenville n’était pas le premier venu, ses compétiteurs même le reconnaissaient.
Brave jusqu’à la témérité, fier jusqu’à l’insolence, orgueilleux comme un Anglais, très entier dans ses opinions et fort riche, il avait des envieux, des admirateurs, beaucoup d’ennemis.