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perbe tapis de Perse datant d’environ deux cent cinquante ans.

M. Morris a fait remarquer la beauté du tapis, son délicat dessin de fleur d’épine-vinette, d’iris et de roses, l’absence voulue d’imitation et de teintes dégradées.

Il a montré les combinaisons qui réalisent la grande qualité du dessin décoratif, qui est à la fois la clarté et la netteté dans la forme, chaque contour étant d’un tracé exquis, chaque ligne bien marquée dans son intention et sa beauté, et l’effet total étant celui de l’unité, de l’harmonie, presque du mystère, les couleurs étant si parfaitement assorties entre elles, et les petites indications de couleurs claires si habilement disposées soit pour le ton, soit pour l’éclat.

Les tapisseries, a-t-il dit, étaient pour le Nord ce que la fresque était pour le Sud, notre climat étant un nombre des raisons qui guidaient dans le choix des matières destinées à couvrir les murs.

L’Angleterre, la France et les Flandres furent les trois grands pays des tapisseries. Les Flandres, grâce à leur grand commerce, marchèrent en tête par la splendeur des couleurs, et leur superbe dessin gothique.

La note fondamentale de la tapisserie, le secret de son charme, consistait, ainsi que M. Morris l’apprit à son auditoire, à couvrir tous les coins, et jusqu’au dernier pouce de surface, de dessins gracieux, fantaisistes et suggestifs.

De là ces merveilles des grandes tapisseries gothiques, où les arbres de la forêt se montrent en différents