Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/16

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Les discours et les dialogues ne sont point traités avec le même bonheur, car ils ont une tendance maladroite à tourner en mauvais vers blancs.

Voici par exemple un discours, imprimé par M. Coleridge comme de la prose, et dans lequel la véritable musique de la prose est sacrifiée à un faux parti-pris métrique qui est à la fois monotone et fatigant :

But, Death, who brings us freedom from all falsehood,
Who heals the heart, when the physician fails,
Who comforts all whom life cannot console,
Who stretches out in sleep the tired watchers ;
He takes the King, and proves him but a beggar !
He speaks, and we, deaf to our Maker’s voice,
Hear and obey the call of our destroyer !
Then let us murmur not at anything ;
For if our ills are curable, ’tis idle,
and if they are past remedy, ’tis vain.
The worst our strongest enemy can do
Is take from us our life, and this indeed
Is in the power of the weakest also.

Mais la Mort, qui nous apporte l’affranchissement de tout mensonge
qui guérit le cœur quand le médecin échoue,
qui réconforte ceux que la vie ne saurait consoler,
qui plonge dans le sommeil les gardiens fatigués
s’empare du Roi, et prouve qu’il n’est qu’un mendiant,
parle, et nous, sourds à la voix de notre créateur, nous
écoutons l’appel de notre destructeur, et nous y obéissons.
Ne murmurons point contre quoi que ce soit,
car c’est chose superflue, si nos maux sont curables,
et s’ils résistent à tout remède, c’est chose vaine.
Le pis que puisse faire notre plus fort ennemi,
c’est de nous ôter la vie, et vraiment
c’est ce que peut faire aussi l’ennemi le plus faible.