Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/175

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Le dernier volume de sir Edwin Arnold[1][2].

Les auteurs qui écrivent en prose poétique sont rarement de bons poètes.

Ils ont beau emplir leurs pages de somptueuses épithètes, de phrases resplendissantes, entasser des Pélions d’adjectifs sur des Ossas de descriptions, ils ont beau s’abandonner à un style fortement coloré, à la richesse luxuriante des images, si leur vers ne possède pas la véritable vie rythmique du vers, si leur procédé ne connaît pas la contrainte que s’impose le véritable artiste, tous leurs efforts aboutissent à un bien mince résultat.

Il se peut que la prose « asiatique » soit utile pour la besogne du journal, mais la poésie « asiatique » ne doit point être encouragée.

D’ailleurs, on peut dire que la poésie a bien, plus que la prose, besoin de la contrainte volontaire.

Ses conditions sont beaucoup plus délicates.

Elle produit ses effets par des moyens plus subtils.

  1. Pall Mall Gazette, 11 décembre 1888.
  2. Avec Saadi dans le jardin ou le livre de l’amour.