Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/179

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Certes, sir Edwin Arnold pâtit de la comparaison inévitable qu’on ne peut s’empêcher de faire entre son œuvre et l’œuvre d’Edward Fitzgerald, et certainement Fitzgerald n’eut jamais écrit un vers comme celui-ci : « utterly wotting all their innermosts ; » (il connaît à fond tous leurs organes.)

Mais on lit avec intérêt n’importe quelle traduction de ces admirables poètes orientaux qui mêlent si étrangement la philosophie et la sensation, la simple parabole ou fable et les doctrines obscures et mystiques.

Ce que nous regrettons le plus dans le livre de sir Edwin Arnold, c’est son habitude d’écrire d’une façon qu’on ne peut vraiment appeler d’un autre nom que le pigeon english, quand nous apprenons que « Lady Duffreen, la Vice-Reine de la Puissante Reine » se promène parmi les charpoys[1] du quartier, sans aucune crainte de sitla ou de tap,[2] quand le Mirza s’explique ainsi :

    Ag lejao
    to light the Kallians for the Saheb and me,[3]

et le domestique obéit en disant Achcha ! Achcha !

Quand nous sommes invités à écouter le « Vina et le tambour » et qu’on nous parle d’ekkas, de Byragis, de hamals, de Tamboora, tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’à de tels Ghazals nous ne sommes point en mesure de dire Shamash ou Afrin.

  1. Couchettes.
  2. Maladies.
  3. Ag lejao, allumes les pipes pour le Sahib et moi.