Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/205

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La robe peut être la robe d’Athènes, mais la figure est ordinairement la figure de Brompton.

De temps en temps, sans doute, on tombe sur un modèle féminin dont la figure est un exquis anachronisme, ce qui paraît charmant et naturel dans le costume de tout siècle autre que le sien.

Mais cela se voit rarement.

Règle générale, les modèles sont absolument de notre siècle, et devraient être peints comme tels.

Malheureusement on ne le fait pas, et la conséquence est qu’on nous montre, chaque année, une série de scènes prises, dans des bals travestis et qualifiées de tableaux d’histoire, mais qui ne sont guère que la représentation d’une mascarade de contemporains.

En France, on agit plus sagement.

Le peintre français se sert du modèle simplement pour l’étude et pour l’achèvement du tableau, il se met en face de la vie.

Néanmoins, nous ne devons pas accuser les gens qui posent, des défauts des artistes.

Les modèles anglais sont une classe de gens corrects, de gens laborieux, et s’ils s’intéressent aux artistes plus qu’à l’art, une forte proportion du public est dans le même cas, et nos expositions modernes paraissent justifier leur concours.