Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/221

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que les profondeurs émotionnelles qu’elle sonda et agita (naturellement pas dans mon cœur seul, je l’entends bien, mais dans des millions d’autres, comme je le vis clairement), l’éclat aveuglant, la provocation des tableaux de cette guerre, de ses scènes, furent les raisons finales d’existence d’une poésie autochthone et passionnée.

« Je descendis sur les champs de bataille de la Virginie… Désormais je vécus dans le camp, — je vis de grands combats, et les jours et les nuits qui les suivirent, — je participai à toutes les fluctuations, à la sombre tristesse, au désespoir, au réveil de nouveaux espoirs, au retour du courage — la mort affrontée avec empressement, — à la cause aussi, — à la durée et aux faits de ces années d’agonie et de jours livides, — vraies années de parturition de cette Union désormais homogène.

« Sans ces deux ou trois ans et les épreuves qu’elles firent traverser, les Brins d’herbes n’auraient pas vu le jour ».

Ayant ainsi obtenu le stimulus nécessaire pour faire vivre et animer ce moi personnel, qui un jour ou l’autre aurait à prendre l’universalité, il chercha à découvrir de nouveaux accents poétiques, et allant plus loin que la simple passion pour l’expression, il visa à la « suggestivité » tout d’abord.

« Je finis, je polis peu, ou pas du tout, et je ne le pouvais pas en restant conséquent avec mon plan.

« Le lecteur ou la lectrice auront leur part de travail, tout comme j’ai eu le mien.

« Je ne cherche pas tant à constater, à développer