Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/230

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il n’y en aurait pas d’autre, il mérite un souvenir affectueux.

D’autre part, M. Wyke Bayliss est assez ennuyeux.

Le dernier président n’a jamais émis des idées vraies, mais le président actuel ne dit jamais rien de neuf, et si l’art est une forêt hantée par les fées, ou bien une île enchantée, nous devons avouer notre préférence en faveur du vieux Puck sur le nouveau Prospero.

L’eau est une chose admirable — du moins les Grecs l’ont dit — et M. Ruskin était un admirable écrivain, mais la combinaison de l’un et de l’autre est plutôt accablante.

Néanmoins il n’est que juste de dire que M. Wyke Bayliss, en ses bons moments, écrit fort bien l’anglais.

M. Whistler, pour telle ou telle raison, employait constamment le langage des petits Prophètes.

Peut-être le faisait-il pour bien marquer ses prétentions si connues à l’inspiration verbale.

Peut-être croyait-il avec Voltaire, qu’Habakkuk était capable de tout et tenait-il à s’abriter derrière l’égide d’un écrivain parfaitement irresponsable, dont aucune prophétie ne s’est accomplie, au dire du philosophe français.

C’était, dans le début, une idée assez ingénieuse, mais à la longue on trouva le procédé monotone.

L’esprit des Hébreux est excellent, mais leur genre de style n’est point à imiter, et une quantité quelconque de plaisanteries américaines ne suffirait pas pour lui donner cette modernité qu’exige, avant tout, un bon style littéraire.