Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/316

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Naturellement nous ne devons point chercher dans ces poésies de révélation de l’âme humaine.

Ne faire qu’un avec les éléments, tel semble être le but de M. Swinburne.

Il cherche à parler par le souffle du vent et la vague.

Le grondement de la flamme est sans cesse dans son oreille.

Il met son clairon aux lèvres du Printemps et lui ordonne de souffler, et la Terre s’éveille de ses rêves et lui dit son secret.

Il est le premier poète lyrique qui ait tenté le renoncement absolu à sa personnalité, et il a réussi.

Nous entendons le chant, mais nous ne voyons jamais le chanteur.

Nous n’arrivons jamais à être près de lui.

En dehors du tonnerre et de la splendeur des mots, il ne dit rien lui-même.

Nous avons vu souvent l’interprétation de la nature par l’homme.

Maintenant, c’est la Nature qui nous interprète l’homme, et il est curieux de voir combien elle a peu de chose à dire.

Force et Liberté, voilà ce qu’elle lui annonce vaguement.

Elle nous assourdit de ses clameurs.

Mais M. Swinburne ne chevauche pas toujours le tourbillon et n’invoque pas toujours les abîmes de la mer.

Les ballades romantiques dans le dialecte du Border n’ont pas perdu leur enchantement pour lui, et ce