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Trois poètes nouveaux.[1]

Les livres de poésie des jeunes écrivains sont d’ordinaire des billets qui ne sont jamais payés.

Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur.

Le livre de M. Yeats : Les Voyages d’Oisin est certainement un de ceux-là.

Ici nous trouvons un noble sujet noblement traité, la délicatesse de l’instinct poétique, et la richesse d’imagination.

Une bonne partie de l’œuvre est inégale, peu soutenue, il faut le reconnaître.

M. Yeats n’essaie pas de dépasser Wordworth en enfance, nous sommes heureux de le dire, mais de temps à autre il réussit à « surpasser Keats en brillant » et il y a, çà et là, dans son livre des choses d’une étrange crudité, des endroits d’une recherche irritante.

  1. Pall Mall Gazette, 12 juillet 1889.