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Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/332

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sons morales pour décerner les prix à ceux qui arrivent les derniers dans la course.

C’est à la course même qu’il trouve à redire.

Quant à la sympathie active, qui de nos jours est devenue une profession pour tant de braves gens, il croit que vouloir faire du bien aux autres est une occupation aussi sotte que de battre du tambour dans une forêt, afin de retrouver un fuyard.

C’est dépenser de l’énergie en pure perte.

Voilà tout.

Au lieu d’être un individu profondément sympathique, on n’est, aux yeux de Chuang-Tzù, qu’un homme qui ne cesse de vouloir être un autre que soi-même, et qui dès lors se prive de la seule excuse par laquelle il puisse justifier son existence.

Oui, si incroyable que cela puisse paraître, ce curieux penseur, se tournait, avec un soupir de regret, vers un certain Âge d’or, où il n’existait ni examen de concours, ni assommants systèmes d’éducation, ni missionnaires, ni dîners à deux sous pour le peuple, ni Églises établies, ni Sociétés humanitaires, ni mornes conférences sur vos devoirs envers votre prochain, ni ennuyeux sermons sur quelque sujet que ce fût.

En ce temps idéal, nous dit-il, les gens s’aimaient entre eux, sans se douter de ce que c’est que la charité, sans écrire à ce propos dans les journaux.

Ils étaient probes, et pourtant ils ne publiaient jamais de livres sur l’Altruisme.

Comme chacun gardait pour soi ce qu’il savait, le monde échappait au fléau du scepticisme, et comme