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Le dernier livre de Pater[1].

Lorsque j’eus pour la première fois le privilège — que j’estime très haut, — de rencontrer M. Walter Pater, il me dit en souriant : « Pourquoi écrivez-vous toujours des vers ? Pourquoi n’écrivez-vous pas en prose ? La prose est bien autrement difficile. »

Cela date du temps où j’étais étudiant à Oxford, temps d’ardeur lyrique, où j’écrivais des sonnets travaillés avec soin, temps où l’on aimait la complication exquise et les répétitions musicales de la ballade et de la villanelle, avec l’enchaînement de ses échos amenés de loin, et sa forme curieusement complète, temps où l’on cherchait solennellement en quel état d’esprit il fallait être pour écrire un triolet, temps délicieux, où je suis heureux de dire qu’il y avait bien plus de rime que de raison.

Je puis franchement en convenir aujourd’hui. Je ne saisis pas très bien alors le sens réel des paroles de M. Pater.

Ce ne fut qu’après une étude attentive de ses beaux

  1. Speaker, 23 mars 1890.