Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/38

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tainement touchés par ces « sermons en pierres » avec leur portée profonde, l’abondance d’idées qu’ils suggèrent et leur simple humanité.

Des pierres funéraires courantes, voilà ce qu’ils sont pour la plupart, œuvres non point d’artistes fameux, mais de simples artisans.

Seulement elles ont été ouvrées, en un temps où tout métier était un art.

Les plus beaux spécimens, au point de vue purement artistique, sont sans contredit les deux stèles trouvées à Athènes.

L’une et l’autre sont les pierres tombales de jeunes athlètes grecs.

Dans l’une, l’athlète est représenté tendant sa strigile à son esclave ; dans l’autre, l’athlète est debout, seul, la strigile en main.

Elles n’appartiennent point à la plus grande période de l’Art grec. Elles n’ont point le grand style du siècle de Phidias, mais elles ont néanmoins leur beauté, et il est impossible de n’être point fasciné par leur grâce exquise, par la façon, dont elles sont traitées, si simple en ses moyens, si subtile en son effet.

Toutes les pierres funéraires d’ailleurs sont pleines d’intérêt.

En voici une de deux dames de Smyrne, qui furent si remarquables en leur temps, que la cité leur vota des couronnes d’honneur ; voici un médecin grec examinant un bambin qui souffre d’indigestion ; voici le monument de Xanthippe, qui fut probablement un martyr de la goutte, car il tient à la main le mou-