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Un Écossais, à propos de la poésie écossaise[1].

Un éminent critique, qui vit encore et qui est né au sud de la Tweed, confia un jour, tout bas, à un ami que les Écossais, à son avis, connaissaient réellement fort mal leur littérature nationale.

Il admettait parfaitement qu’ils aimassent leur « Robbie Burns » et leur « Sir Walter » avec un enthousiasme patriotique, qui les rend extrêmement sévères envers le malheureux homme du sud qui se hasarde à louer l’un ou l’autre en leur présence. Mais il soutenait que les œuvres des grands poètes nationaux, tels que Dunbar, Henryson, et Sir David Lyndsay sont des livres scellés pour la majorité des lecteurs à Edimbourg, à Aberdeen et à Glasgow et que fort peu d’Écossais se doutent de l’admirable explosion de poésie qui eut lieu dans leur pays pendant les quinzième et seizième siècles, alors qu’il n’existait, dans l’Angleterre de cette époque, qu’un faible développement intellectuel.

Cette terrible accusation est-elle fondée ou non, c’est ce qu’il est inutile de discuter présentement.

  1. Pall Mall Gazette, 24 octobre 1887.