Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/70

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    Mais il n’est aucun homme vivant, si fort qu’il soit en sa
      jeunesse,
    qui puisse le porter sans effort ailleurs, car c’est avec
      un art puissant et merveilleux
    que ce lit a été construit et façonné, et c’est moi qui l’ai
      fait, moi seul.
    Il poussait à l’écart un bosquet d’oliviers, avec un arbre
      feuillu, au terme de sa croissance
    qui prospéra et prit à la fin l’épaisseur d’une grosse
      colonne.
    Autour de lui, je bâtis ma chambre nuptiale, et j’ai parfait
      l’ouvrage
    par une enceinte de pierres exactement ajustées, et je l’ai
      couvert d’un toit.
    Et pour lui je me suis taillé des battants de porte, bien
      assujettis à leur place.
    Après quoi, j’ébranchai le tronc de l’olivier au large
      feuillage,
    puis j’équarris le tronc depuis la racine jusqu’en haut,
      avec soin et adresse,
    je le dressai avec l’airain du rabot, et je le nivelai,
    et lui donnai la forme d’une colonne de lit. Avec la tarière
      je le perçai.
    Ayant ainsi commencé, je façonnai le lit même, et l’achevai
      jusqu’au bout,
    et je l’ornai partout avec de l’or, avec de l’argent, avec
      de l’ivoire incrusté,
    et je tendis sur lui une peau de bœuf, qu’avait embellie
      la teinture de la pourpre.
    Tel est le signe que je t’ai montré, et je ne sais point,
      femme
    si mon lit est resté stable, ou si, en quelque autre endroit,
    un homme l’a placé, après avoir abattu par la base le
      tronc de l’olivier. »

    Thus she spake to prove her husband ; but Odysseus,
      grieved at heart,
    Spake thus unto his bedmate well-skilled in gainful art :