Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/95

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grandes pages qui contiennent les canons Eusébiens dans le Livre de Kells, ce qui n’a sans doute rien de grotesque en soi ; mais il n’est pas probable que le génie artistique du peuple irlandais doive trouver son expression la plus saine, la meilleure dans ces intéressantes imitations, même quand « le pays aura trouvé le repos ».

Néanmoins, il est dans l’ancien art irlandais certains éléments de beauté que l’artiste moderne ferait bien d’étudier.

Le mérite des enluminures compliquées du Livre de Kells, a été beaucoup exagéré au point de vue de leur adaptation possible à des dessins modernes, à des matières modernes mais dans les antiques colliers, broches, épingles, boucles et autres objets analogues, l’orfèvre moderne trouvera un domaine riche, et relativement intact, et maintenant que l’esprit celtique est devenu le ferment de notre politique, on ne voit pas pourquoi il n’apporterait point sa contribution à notre art décoratif.

Toutefois, ce résultat ne sera pas obtenu par un patriotique abus des vieux motifs et le partisan le plus enthousiaste du Home-Rule ne doit point compter qu’on l’autorisera à décorer sa salle à manger d’un dais orné d’oghams.