Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/264

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Et alors, brusquement, madame Marcelle bouleversa les fragments de peau d’orange et les remit en tas.

Le jeu était fini.

Lord William continuait l’interminable récit de ses querelles avec lord Elgin. Mérédith, d’apparence insoucieux, buvait lentement son sherry.

Autorisé d’un geste de la jeune femme, j’allumai une niña.

Il n’y avait pas de doute : le jeu de la peau d’orange était un système organisé de correspondance et cette correspondance ne pouvait s’adresser qu’à Mérédith.

Mais à quoi bon puisque dans les bois les correspondants avaient tout loisir de causer loin des indiscrets ?

Dans une bouffée de fumée de mon cigare, je me décidai à jeter un coup d’œil sur madame Marcelle. Son regard impératif ne quittait pas Mérédith, comme si elle attendait une réponse.

— Votre sherry est excellent, mon oncle, mais un marcheur ne doit pas en abuser. Je