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LE FANTÔME DE CANTERVILLE

Il se glissa furtivement à travers le badigeon. Un mauvais sourire se dessinait sur sa bouche cruelle et plissée, et la lune cacha sa figure derrière un nuage lorsqu’il passa devant la grande baie ogivale où étaient représentées en bleu et or ses propres armoiries et celles de son épouse assassinée.

Il allait toujours, glissait comme une ombre funeste, qui semblait faire reculer d’horreur les ténèbres elles-mêmes sur son passage.

Une fois, il crut entendre quelqu’un qui appelait ; il s’arrêta, mais ce n’était qu’un chien qui aboyait, dans la Ferme Rouge.

Il se remit en marche, en marmottant d’étranges jurons du seizième siècle, et brandissant de temps à autre le poignard rouillé dans la brise de minuit.

Enfin, il arriva à l’angle du passage qui conduisait à la chambre de l’infortuné Washington.

Il y fit une courte pause.

Le vent agitait autour de sa tête ses longues mèches grises, contournait en plis grotesques