Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
LE FANTÔME DE CANTERVILLE

était fort laide. Jamais elle n’empesait convenablement mes manchettes et elle n’entendait rien à la cuisine. Tenez, un jour j’avais tué un superbe mâle dans les bois de Hogley, un beau cerf de deux ans. Vous ne devineriez jamais comment elle me le servit. Mais n’en parlons plus. C’est une affaire finie maintenant, et je trouve que ce n’était pas très bien de la part de ses frères, de me faire mourir de faim bien que je l’aie tuée.

— Vous faire mourir de faim ! Oh ! Monsieur le Fantôme… Monsieur Simon, veux-je dire, est-ce que vous avez faim ? j’ai un sandwich dans ma cassette. Cela vous plairait-il ?

— Non, merci, je ne mange plus maintenant ; mais c’est tout de même très bon de votre part, et vous êtes bien plus gentille que le reste de votre horrible, rude, vulgaire, malhonnête famille.

— Assez ! s’écria Virginia en frappant du pied. C’est vous qui êtes rude, et horrible, et vulgaire. Quant à la malhonnêteté, vous savez bien que vous m’avez volé mes couleurs dans ma boîte pour renouveler cette