Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/18

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donnait à ses tons une valeur si lumineuse, étaient tout à fait dans le style de Clouet.

Les deux masques de la Comédie et de la Tragédie, suspendus, d’une façon quelque peu apprêtée, au piédestal de marbre, avaient cette dureté de touche, cette sévérité si différente de la grâce facile des Italiens que, même à la Cour de France, le grand maître flamand ne perdit jamais complètement et qui chez lui ont toujours été une caractéristique du tempérament des hommes du Nord.

— C’est une charmante chose, m’écriai-je, mais quel est ce merveilleux jeune homme dont l’art nous a si heureusement conservé la beauté ?

— C’est le portrait de monsieur W. H., dit Erskine avec un triste sourire.

Ce peut être un effet de lumière dû au hasard, mais il me sembla que des larmes brillaient dans ses yeux.

— Monsieur W. H. ! m’écriai-je. Qui donc est monsieur W. H. ?

— Ne vous souvenez-vous pas ? répondit-il. Regardez le livre sur lequel reposent ses mains.