Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/192

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— Le voilà le mystère, me dis-je en avançant rapidement pour inspecter la maison.

Sur le seuil était son mouchoir qu’elle avait laissé tomber, je le ramassai et le mis dans ma poche.

Alors je me mis à réfléchir sur ce que je devais faire. J’arrivai à cette conclusion que je n’avais pas le droit de l’espionner et je me rendis en voiture à mon club.

À six heures, je me présentai chez elle.

Je la trouvai étendue sur un sofa, en toilette de thé, c’est-à-dire en robe d’une étoffe d’argent, relevée à l’aide d’agrafes de ces étranges pierres de lune qu’elle portait toujours.

Elle parut tout à fait charmeuse.

— Je suis si contente de vous voir, dit-elle. Je ne suis pas sortie de la journée.

Je la regardai tout ébahi, et tirant de ma poche le mouchoir, je le lui tendis.

— Vous l’avez laissé tomber dans Cummor Street, cet après-midi, lady Alroy, lui dis-je d’un ton très calme.

Elle me jeta un coup d’œil d’épouvante,