Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/234

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lure de parfums et tu mettais des grenades dans leurs mains. Tu oignais leurs pieds de safran et tu déployais des tapis devant eux. Avec de l’antimoine, tu peignais leurs paupières et, avec la myrrhe, tu enduisais leurs corps. Devant elles tu t’es incliné jusqu’à terre et les trônes de tes idoles se sont élevés au soleil. Tu as montré au soleil ta honte et à la lune ta folie. Et l’homme répondit et dit :

— J’ai également fait cela.

Et pour la troisième fois, Dieu ouvrit le livre de la vie de l’homme.

Et Dieu dit à l’homme :

— Ta vie a été mauvaise, et avec le mal tu as payé le bien et avec l’imposture la bonté. Tu as blessé les mains qui t’ont nourri et tu as méprisé les seins qui t’avaient donné leur lait. Celui qui vint à toi avec de l’eau est parti altéré et les hommes hors la loi qui t’ont caché dans leurs tentes la nuit, tu les as livrés avant l’aube. Tu as tendu une embuscade à ton ennemi qui t’avait épargné et l’ami qui marchait avec toi, tu l’as vendu pour de