Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/265

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conditions quelque forme de vie esthétique et intellectuelle. Mais ce qui me paraît tout à fait incroyable, c’est qu’un homme dont l’existence est entravée, rendue hideuse par de telles lois puisse se résigner à leur permanence.

Et pourtant la vraie explication n’est point malaisée à trouver, la voici dans toute sa simplicité.

La misère, la pauvreté ont une telle puissance dégradante, elles exercent un effet paralysant si énergique sur la nature humaine, qu’aucune classe n’a une conscience nette de ses propres souffrances. Il faut qu’elle en soit avertie par d’autres, et souvent elle refuse totalement de les croire.

Ce que les grands employeurs de travail disent contre les agitateurs est d’une incontestable vérité.

Les agitateurs sont une bande de gens qui se mêlent à tout, se fourrent partout ; ils s’en prennent à une classe qui jusqu’alors était parfaitement satisfaite, et ils sèment chez elle les germes du mécontentement. C’est là ce qui fait que les agitateurs sont des plus né-