Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le fuseau et la navette ne te conviennent

 point.
 --Ah! si elle travaille à une somptueuse tapisserie,
 je pourrais débrouiller les fils à la lumière du feu.
 --Peut-être se lance-t-elle à la chasse du daim.
 Comment la suivre par monts et par mers?
 --Ah! si elle chevauche avec la cour, je pourrais
 courir à son côté et souffler le hallali.
 --Peut-être est-elle agenouillée dans Saint-Denis
 (que Notre-Dame ait grand'pitié de son âme!).
 --Ah! si elle prie dans la chapelle solitaire, je
 pourrais balancer l'encensoir et sonner la cloche.
 --Rentrez, mon fils, vous avez la figure si pâle,
 et le père vous remplira une tasse d'ale.
 --Mais quels sont ces chevaliers en riches costumes?
 Est-ce un spectacle où se rassemblent les
 gens riches?
 --C'est le roi d'Angleterre, qui a passé la mer
 pour venir visiter notre beau pays.
 --Mais pourquoi le couvre-feu rend-il un son
 aussi, sourd, et pourquoi ces gens en deuil qui se
 suivent à la file?
 --Oh! c'est Hugues d'Amiens, le fils de ma
 soeur, qui gît mort, car son jour est venu.
 --Non, non, car je vois distinctement des lis
 blancs. Ce n'est point un homme vigoureux qui git
 sur la bière.