Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en passant, las ronflements de l'être aux pieds de

 chèvre. Il franchit d'un bond un tertre de gazon, et
 pareil à un jeune paon, il courut vers un bois d'olivier,
 qui se trouvait dans une vallée ombreuse, non
 loin de la cité aux beaux édifices.
 Et il chercha un petit ruisseau bien connu de
 lui, car plus d'une fois, tout enfant, il y avait pourchassé
 le grèbe vert à aigrette, ou il y avait attiré
 dans les mailles d'un filet la truite argentée. Il
 s'étendit de tout son long parmi les roseaux surpris,
 tout haletant, le coeur battant d'un effroi
 mêlé de plaisir, et il attendit le jour,
 Il resta couché sur la rive verte, laissant sa main
 distraite plonger dans les remous de l'eau froide et
 sombre, et bientôt l'haleine du matin vint éventer
 ses joues brûlantes et rougies, ou jouer étourdiment
 avec les boucles qui s'emmêlaient sur son
 front, pendant qu'il regardait dans l'eau avec un
 étrange, un mystérieux sourire.
 Et de bonne heure le berger au manteau de laine
 grossière ouvrit avec le crochet de son bâton les
 barrières de branches entrelacées, et montant du
 tas d'ajoncs, une mince guirlande de fumée bleue se
 déroula dans les airs au-dessus des blés mûrissants.
 Et sur la colline, le chien jaune de la maison aboya,
 pendant que le lourd bétail se dispersait parmi la
 fougère frisée et bruissante.