Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/79

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 Et bien loin, au-dessous du pavé de bronze, ils
 voient comme un essaim de mouches la foule des
 petits hommes, l'agitation des menues existences,
 puis dans leur ennui, ils reviennent à leur séjour
 parmi les lotus, et se baisent les uns les autres sur
 les lèvres, et boivent à plus longs traits la liqueur
 préparée avec les graines du pavot, qui amène le
 doux sommeil aux paupières de pourpre.
 Là, tout le long du jour, le soleil aux vêtements
 d'or, reste debout, tenant en main sa torche flambante,
 et quand le tissu varié des heures de la journée
 a été achevé par les douze vierges, alors à travers
 le brouillard cramoisi s'avance la lune, à peine
 échappée des bras d'Endymion, et les Dieux immortels
 se pâment dans les transes de passions mortelles.
 Là-haut la reine Junon se promène parmi la rosée
 des prés, ses grands pieds blancs tachés par la
 poussière safranée des lis agités par le veut, pendant
 que le jeune Ganymède s'ébat dans le moût
 brûlant à l'écume ambrée; et ses boucles voltigent
 de tous côtés, comme au jour où l'aigle ravit sur
 l'Ida l'enfant tout effrayé, et l'emporta à travers le
 ciel ionien...
 Là-haut, dans le fond vert de quelque jardin bien
 clos, la reine Vénus, ayant à son côté le berger,
 près de son corps doux et chaud, comme la fleur