Page:Wilde - Salomé, Librairie de l'art indépendant, 1893.djvu/28

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asile. On dirait des lacs noirs troublés par des lunes fantastiques… Pensez-vous qu’il parlera encore ?

LE JEUNE SYRIEN

Ne restez pas ici, princesse ! Je vous prie de ne pas rester ici.

SALOMÉ

Comme il est maigre aussi ! il ressemble à une mince image d’ivoire. On dirait une image d’argent. Je suis sûre qu’il est chaste, autant que la lune. Il ressemble à un rayon de lune, à un rayon d’argent. Sa chair doit être très froide, comme de l’ivoire… Je veux le regarder de près.

LE JEUNE SYRIEN

Non, non, princesse !

SALOMÉ

Il faut que je le regarde de près.

LE JEUNE SYRIEN

Princesse ! Princesse !

IOKANAAN

Qui est cette femme qui me regarde ? Je ne veux pas qu’elle me regarde. Pourquoi me regarde-t-elle avec ses yeux d’or sous ses paupières