Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/167

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les peintures, mais les histoires ; et, lorsque nous étions enfants, nous nous figurions les voir se dérouler dans tous les coins de forêt, dans tous les plis de rivière : toute maison dans les champs était pour nous le palais du roi de la fable. Ne vous souvenez-vous pas, Clara ?

— Oui, dit-elle ; et il me sembla qu’un léger nuage passait sur sa gracieuse figure. J’allais lui adresser la parole, lorsque les jolies servantes vinrent à nous en souriant, avec un doux gazouillement de fauvettes au bord de l’eau, et nous servirent à dîner. Le dîner, comme notre déjeuner, fut préparé et présenté avec une délicatesse qui me montrait que ceux qui l’avaient apprêté avaient goût à ce travail ; mais il n’y avait excès ni de quantité, ni de friandise ; chaque chose était simple, bien qu’excellent en son genre ; et il était évident que ceci n’était pas une fête, mais un simple repas ordinaire. Les verres, la vaisselle, les assiettes, étaient très beaux, à mes yeux habitués à l’étude de l’art du moyen-âge ; mais un pilier de club du dix-neuvième siècle les aurait sans doute trouvés grossiers et pas assez finis ; les faïences étaient en poterie vernissée, mais avec une très belle ornementation ; les seules porcelaines étaient, çà et là, quelque vieux travail oriental. Les verres, de même, bien qu’élégants et gracieux, et très variés de forme, étaient quelque peu chiffonnés et de facture plus raboteuse que les articles commerciaux du dix-neuvième siècle. L’ameublement et l’arrangement général de la salle étaient à l’avenant du couvert de la table,