Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/178

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siècle avait été considérée comme une des conditions inévitables du système moderne de travail et de production. Cette union avait maintenant pris la forme d’une fédération de tous ou presque tous les métiers salariés reconnus, et c’était par son moyen que les améliorations dans la condition des travailleurs avaient été arrachées aux maîtres. Bien qu’ils prissent part assez souvent aux émeutes qui se produisaient, surtout dans les premiers temps de leur organisation, cela ne constituait en aucune façon une partie essentielle de leur tactique ; même, à l’époque dont je parle maintenant, ils étaient parvenus à une telle force que, la plupart du temps, la simple menace d’une « grève » était suffisante pour obtenir quelque concession secondaire, parce qu’ils avaient abandonné l’absurde tactique des anciens syndicats, qui faisaient chômer une partie seulement des ouvriers de telle ou telle industrie et les aidaient pendant le chômage sur le travail de ceux qui continuaient. À cette époque, ils avaient une énorme réserve d’argent pour soutenir les grèves et pouvaient arrêter complètement une industrie pour quelque temps, s’ils le décidaient.

— Avec de pareilles sommes, n’y avait-il pas un sérieux danger d’abus, de… tripotages ?

Le vieil Hammond s’agita sur son siège et dit :

— Tout cela est passé depuis longtemps, et pourtant j’éprouve une véritable honte d’être obligé de vous dire que c’était plus qu’un danger ; même, plus d’une fois, l’union tout entière