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Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/181

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règles édictées par le gouverneur d’une ville assiégée. Mais, naturellement, aux classes privilégiées il semblait que la fin du monde fût arrivée, lorsque de pareilles lois entraient en vigueur.

Et cela n’était pas tout à fait sans raison : l’expansion des théories communistes, et la mise en œuvre partielle du socialisme d’État, avaient d’abord dérangé, et finalement presque paralysé, le merveilleux système commercial sous lequel le vieux monde avait si fiévreusement vécu et qui avait engendré, pour un petit nombre, le plaisir d’une vie de joueurs, et pour beaucoup, ou la plupart, une vie de pure misère. Survinrent, les unes par dessus les autres, de « mauvaises périodes », comme on disait, et elles étaient en effet bien mauvaises pour les esclaves salariés. L’année 1952 fut l’une des pires à cette époque ; les ouvriers souffrirent horriblement : les ateliers nationaux, insuffisants, inefficaces, qui étaient terriblement combattus, ne firent que décliner, et une énorme partie de la population en fut réduite à subsister par la « charité » pure et simple, comme on disait.

Les Travailleurs Unis observaient la situation avec un mélange d’espoir et d’inquiétude. Ils avaient déjà formulé l’ensemble de leurs revendications ; à présent, par un vote solennel et général de toutes leurs sociétés fédérées, ils exigèrent qu’une première mesure fût prise pour donner suite à leurs réclamations : cette mesure aurait directement conduit à remettre l’administration de toutes les ressources naturelles