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Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/184

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en tout moururent, soit piétinés jusqu’à être tués sur place, soit par suite de la bastonnade ; la réunion fut dispersée, et plusieurs centaines de prisonniers incarcérés. Une semblable réunion avait été traitée de la même manière quelques jours plus tôt dans un endroit appelé Manchester, qui a disparu aujourd’hui. Ainsi commença « la leçon ». Le pays tout entier entra en fermentation ; des réunions eurent lieu, qui essayèrent de former une organisation rudimentaire, en vue de tenir une autre réunion, pour répliquer aux autorités. Une foule immense s’assembla dans Trafalgar-Square et dans le voisinage (c’était alors un quartier de rues très denses) et ils étaient trop nombreux pour que la police, avec ses gourdins, pût lutter ; il y eut pas mal de coups de bâton ; trois ou quatre hommes furent tués du côté du peuple, et une dizaine de policemen furent écrasés par la foule, les autres se sauvèrent comme ils purent. C’était une victoire pour le peuple, jusque-là. Le lendemain, tout Londres (rappelez-vous ce qu’il était à cette époque) fut dans un état d’extrême agitation. Un grand nombre des riches s’enfuirent à la campagne ; le gouvernement concentra la troupe, mais n’osa pas s’en servir ; et la police ne put être massée nulle part, parce qu’il y avait des émeutes ou des menaces d’émeutes partout. Mais à Manchester, où les gens n’étaient pas aussi courageux, ou pas aussi exaspérés qu’à Londres, plusieurs des chefs populaires furent arrêtés. À Londres, un comité de chefs fut réuni par la fédération des Travailleurs Unis,