Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/198

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blic : la guerre civile recommença tout de bon.

Pourtant le premier acte ne fut pas de pure bataille. Le nouveau gouvernement conservateur résolut d’agir, mais n’osa pas proclamer de nouveau l’état de siège ; il envoya un corps de soldats et de police arrêter le Comité de Salut public en bloc. Ils ne firent aucune résistance, bien qu’elle leur eût été possible, car ils avaient maintenant un corps considérable d’hommes préparés à toute extrémité. Mais ils étaient décidés à essayer d’abord une arme qu’ils estimaient plus forte que la bataille des rues.

Les membres du Comité s’en allèrent tranquillement en prison ; ils avaient laissé leur âme et leur organisation derrière eux. En effet, ils ne dépendaient pas d’un centre minutieusement organisé, avec toutes sortes d’obstacles et de contre-obstacles alentour, mais d’une masse immense de gens en sympathie absolue avec le mouvement, liés ensemble par un grand nombre de petits centres, avec des instructions très simples. Ces instructions furent alors exécutées.

Le lendemain matin, lorsque les chefs de la réaction riaient en dedans de l’effet que le récit de leur coup, dans les journaux, produirait sur le public, aucun journal ne parut ; et ce fut seulement vers midi que, çà et là, un petit nombre de feuilles, grandes à peu près comme les gazettes du dix-septième siècle, fabriquées par des sergents de ville, des soldats, des gérants et des journalistes, furent versées comme goutte à goutte par les rues. On s’en saisit et on les lut