Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/233

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son travail, tout en me faisant signe comme pour me dire de me tenir de côté et de regarder : ce qui, à vrai dire, me fut assez agréable, car cinq autres jeunes femmes l’assistaient, et cela valait la peine de faire un voyage pour voir les mouvements de leurs corps gracieux, dans ce travail fait à loisir, comme cela valait la peine de faire un voyage pour entendre leur gai bavardage et leur rire, pendant qu’elles balayaient vraiment d’une manière scientifique. Mais voici qu’Annie me jette un mot ou deux en gagnant l’autre bout de la salle.

— Hôte, dit-elle, nous n’aurions pas voulu vous déranger, mais je suis heureuse que vous soyez levé de bonne heure ; notre Tamise est une rivière charmante à six heures et demie, par une matinée de juin : et, comme ce serait dommage de ne pas voir cela, on m’a chargé de vous donner tout de suite un bol de lait et un morceau de pain là-dehors, et de vous mettre en bateau : Dick et Clara sont tout prêts. Attendez une demi-minute, que j’aie essuyé ce coin.

Bientôt elle laissa encore tomber son balai, vint à moi, et me prit par la main pour me conduire sur la terrasse dominant la rivière, à une petite table au milieu du feuillage, où mon pain et mon lait prirent la forme d’un déjeuner aussi délicat qu’on pourrait le désirer, et elle s’assit près de moi pendant que je mangeai. Et au bout d’un instant, Dick et Clara arrivèrent ; celle-ci tout à fait fraîche et magnifique dans une robe légère de soie brodée, que mes yeux