Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/253

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tement, je remontai la prairie pour gagner la petite maison. Je remarquai alors qu’il y avait quatre autres maisons à peu près aussi grandes sur le versant de la rivière. Dans la prairie où je marchais, l’herbe n’était pas haute ; mais des haies de planches couraient à ma droite et à ma gauche, montant la pente, et, dans le champ de gauche ainsi séparé, on faisait maintenant les foins activement, à la simple manière de mon enfance. Mes pas, instinctivement, se portèrent de ce côté, car je voulais voir à quoi ressemblaient les faneurs de ces temps nouveaux et meilleurs, et aussi je m’attendais à y voir Ellen. Je m’approchai des planches et regardai dans le champ ; je me trouvai tout près d’une longue ligne de faneurs en train d’étendre les andains pour sécher la rosée de la nuit. Le plus grand nombre étaient de jeunes femmes, habillées à peu près comme Ellen la veille, non pas en soie pour la plupart, mais en mousseline de laine aux gaies broderies ; les hommes étaient tous vêtus de flanelle blanche, avec des broderies de couleurs vives, qui donnaient à la prairie l’apparence d’une gigantesque corbeille de tulipes. Toutes les mains travaillaient activement, bien et posément, bien que le caquetage joyeux fût bruyant comme un bosquet d’étourneaux en automne. Une demi-douzaine d’entre eux, hommes et femmes, vinrent à moi et me serrèrent la main, me souhaitèrent le bonjour, et me posèrent quelques questions, d’où je venais, où j’allais, et, après m’avoir souhaité bonne chance, retournèrent à l’ouvrage. Ellen, à mon