Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/256

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gardaient, et je ne sus que dire. Cependant, puisque j’avais dit dans mes premières conversations avec mes amis de Hammersmith que j’avais connu la forêt d’Epping, je pensai qu’une généralisation impromptue vaudrait mieux, pour éviter des complications, qu’un pur mensonge, je dis donc :

— Je suis déjà venu dans ce pays et j’ai été sur la Tamise autrefois.

— Oh ! dit le vieillard vivement, vous êtes déjà venu dans ce pays. Eh bien, ne trouvez-vous pas (en dehors de toute théorie, bien entendu) qu’il a beaucoup changé en mal ?

— Non, pas du tout, je le trouve beaucoup changé en bien.

— Ah ! fit-il, je crains que vous n’ayez été influencé par une théorie ou une autre. Mais, naturellement, l’époque où vous êtes déjà venu ici a dû être si proche de l’époque actuelle que la transformation n’a pu être bien grande : nos usages d’alors, naturellement, étaient les mêmes qu’aujourd’hui. Je pensais à une époque antérieure à celle-là.

— En un mot, dit Clara, vous avez des théories sur le changement qui s’est produit.

— J’ai des faits aussi. Regardez ! de cette colline on peut voir quatre petites maisons, exactement, y compris celle-ci. Eh bien, je sais de source certaine qu’aux vieux temps, même en été, quand le feuillage était le plus touffu, on pouvait voir six grandes belles maisons ; et plus haut, sur le fleuve, ce n’étaient que jardins jusqu’à Windsor, et il y avait de