Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/26

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figure et un air heureux, tant elles étaient bien faites et harmonieuses de formes, avec un bel air de santé et de vigueur. Toutes trois étaient au moins avenantes, et l’une d’elles très belle, avec des traits réguliers. Tout de suite elles s’avancèrent vers nous gaiement et sans la moindre affectation de timidité, et me serrèrent la main comme si j’étais un ami arrivant d’un long voyage : pourtant je ne pus m’empêcher de remarquer qu’elles regardaient de travers mes vêtements ; je portais mon costume de la veille, et je n’étais rien moins que luxueusement habillé.

Robert, le tisserand, dit quelques mots, et elles se mirent en mouvement pour nous servir, puis vinrent nous prendre par la main pour nous conduire à une table dans le coin le plus agréable de la salle, où notre déjeuner était préparé ; lorsque nous fûmes assis, une d’elles sortit rapidement par les chambres dont j’ai parlé, et revint un moment après avec une grande botte de roses, bien différentes, comme grosseur et finesse, de celles que Hammersmith avait coutume de produire, et ressemblant beaucoup à des fleurs de quelque vieux jardin de la campagne. Puis elle se hâta d’aller à l’office, et elle en ressortit avec un vase d’un travail délicat, où elle mit des fleurs et qu’elle plaça au milieu de notre table. Une des autres, qui avait aussi couru dehors, revint ensuite avec une grande feuille de chou remplie de fraises, dont quelques-unes à peine mûres, et elle dit en les posant sur la table :