Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/90

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— Je vivais en Angleterre, et maintenant je suis revenu ; j’ai couché la nuit dernière dans la maison des Hôtes de Hammersmith.

Il s’inclina gravement, mais parut, me sembla-t-il, un peu déçu de ma réponse. Quant à moi, je m’étais mis à le regarder plus attentivement que les bonnes manières ne le permettaient peut-être ; car en vérité sa figure, toute ridée qu’elle fût comme une pomme séchée, me parut étrangement familière ; comme si je l’avais vue avant… dans un miroir peut-être, me disais-je.

— Eh bien, dit le vieillard, d’où que vous veniez, vous êtes venu chez des amis. Et je vois que mon arrière-petit-fils, Richard Hammond, m’a tout l’air de vous avoir amené ici pour que je fasse quelque chose pour vous. Est-ce vrai, Dick ?

Dick, qui devenait de plus en plus distrait et ne cessait de regarder la porte avec inquiétude, parvint à dire :

— Oui, c’est cela, grand-père : notre Hôte trouve les choses très changées, et ne peut le comprendre ; moi non plus ; j’ai donc pensé à vous l’amener, puisque vous savez mieux que qui que ce soit tout ce qui s’est passé depuis deux cents ans… Qu’est-ce qu’il y a ?

Et il se retourna vers la porte. On entendit un bruit de pas dehors ; la porte s’ouvrit, et une très belle jeune femme entra, qui s’arrêta court à la vue de Dick, rougit soudain comme une rose, mais le regarda tout de même en face. Dick la regarda fixement et tendit à demi