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Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/151

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nu. À grands pas affolés, il revint dans la chambre, et, s’arrêtant devant la comédienne sans cœur, égoïstement étendue sur le plumard tiède :

— Je viens reprendre ma flanelle, mon caleçon, mes chaussettes… mes habits, annonça-t-il d’un ton qui tremblait, bien qu’il s’efforçât vers une dignité dédaigneuse.

Elle réprima une envie de rire et, si lasse qu’elle fût, elle se souleva avec grâce et indiqua d’un signe de tête enjoué le joli siège Louis XV sur lequel il s’était tout à l’heure dévêtu. Furieux, crispé, taciturne, il entreprit de s’habiller. Comme il accomplissait aussi maladroitement que possible cet acte pourtant banal, mettant sa chemise avant sa flanelle, puis enfilant sa culotte avant son caleçon, Mlle Girard s’offrit avec affabilité :

— Veux-tu que je t’aide ?

Il refusa un peu durement :

— Merci. Je n’ai pas besoin d’une femme de chambre, moi.

Et, pour bien montrer la valeur de cet argument ad feminam, il endossa son veston avant son gilet. Quelques secondes s’écoulèrent.