Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/160

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rais volontiers. Ce petit exercice m’a « creusé ».

— Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?

Elle le saisit par la main, comme un gosse que l’on conduit chez le pâtissier, et ils revinrent silencieusement sur leurs pas. Ils entrèrent dans la salle à manger qui ouvrait sur la galerie aux tambours de basque.

— Assieds-toi, fit la comédienne, en indiquant la table que couvrait un tapis bleu clair, soutaché à la façon d’un dolman de chasseurs d’Afrique. Je vais te servir.

Il parut hésiter :

— Ça va t’occasionner bien des dérangements, mon amour… Tu es toute pâle, tu grelottes…

— Je ne veux pas que tu aies faim. Je veux encore moins que tu ailles aux Halles ; c’est un cloaque de voyous et de filles. C’est stupide, d’accord, mais je suis jalouse de ces filles… Tiens, je t’aime déjà plus que je ne croyais !

Elle avait entrebâillé le buffet haut et large d’aspect prometteur et, sans plus se faire prier, Lauban, alléché, s’assit, s’informa :

— Qu’é qu’tu vas m’envoyer de bon ?