Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/182

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— Vous vous portez bien, monsieur Beigdebez ? Mon beau-frère est là ?

— Oui, monsieur Lauban… dans l’officine.

— Bien.

Maurice cueille une seconde pilule. Il va la gober, comme la première. Vite, l’élève l’en empêche d’un geste drôlement épouvanté :

— Une, je vous ai laissé faire ; mais deux, faut pas, monsieur Lauban. Y a de la strychnine ; ça pourrait vous être contre-indiqué.

— Pourquoi voulez-vous, monsieur Beigdebez, que ça me soit contre-indiqué ! Vous avez de ces idées !… dit le poète en haussant imperceptiblement les épaules.

Et il gobe la seconde pilule, fait deux ou trois pas dans la boutique, s’empare d’un bocal de verre, coiffé de fer-blanc doré, le décoiffe et ingurgite une pincée d’anis. Puis il agrippe un autre bocal et porte à ses lèvres une boule de gomme ou deux. M. Beigdebez ne le quitte pas des prunelles et pousse un soupir de soulagement en le voyant enfin soulever la tenture sombre qui masque l’entrée de l’officine.