Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’abord, sa lassitude : il est esquinté ; voilà quatre ou cinq ans qu’il enfante d’un sonnet tous les trois mois et, outre qu’elle ne donne aucun profit, la parturition trimestrielle d’un sonnet vous aplatit.

— Vois Hérédia, qui en a pondu plus de cent. Il y a mis un tiers de siècle, et où ça l’a-t-il conduit ? À la croix, à l’Académie, à l’Arsenal ! oui, parce qu’il possédait, le conquistador, en sus du talent, de la rente. Mais, moi, je n’ai que du talent ; allais-je crever, accroupi, en excrétant mon sonnet suprême ? Trou-de-balle, j’ai réfléchi ; des sonnets, n’en faut plus ; en avant, le théâtre ! Un drame, quatre mille vers : ça, c’est du travail anodin, ça marche tout seul, une scène remorque l’autre. Et ça rapporte de l’argent, en tas, et aussi une prompte gloire… à condition qu’on soit joué.

— C’est vrai, je n’avais pas songé à cette condition, s’alarme brusquement Renard.

Il lui semble qu’un objet frêle et précieux, — une corde de harpe, par exemple — se brise en lui. Toutefois, il croit devoir affecter des dehors optimistes :