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Page:Wilmotte - Études critiques sur la tradition littéraire en France, 1909.djvu/240

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J.-J. ROUSSEAU

ment, d’être compris et aimés. Chez Bernardin de Saint-Pierre la complicité du cœur reste bien plus certaine que celle de la pensée ; sur maints sujets l’auteur de Paul et Virginie, mieux connu maintenant grâce aux études de MM. Maury et Souriau, n’était pas, mais pas du tout, l’adepte asservi du théoricien d’ Émile ; seule, sa sensibilité était engagée à le chérir et à exalter ses vertus. Mme de Staël, dans ses Lettres sur les écrits de Rousseau, est la première à disserter, avec une gravité qui n’a rien des grâces spontanées de la jeunesse, sur les tendances morales et sociales de l’œuvre de son compatriote ; mais sa piété sévère ressemble encore à de la tendresse ; toutefois, elle est contenue et d’un accent déjà mâle.

I

La méthode de M. Jules Lemaitre est vraiment singulière. C’est, au fond, celle de tous ses ouvrages, les moins méthodiques qui soient. Sous une apparence ordonnée, due à l’adoption d’un plan qui semble net et plausible, on ne trouve que des remarques détachées, reliées par le lien fragile de deux ou trois thèses, qui sont celles de l’écrivain converti au nationalisme politique et au traditionalisme moral. Le ton est resté celui des Contem-