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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/113

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

La majeure partie des compagnies minières entretenaient des équipes permanentes à la baie des Cèdres et sur l’île Merrill. Une vingtaine de foreuses fonctionnaient, cherchant des gisements de minerai sous les fonds du lac. Ces machines étaient installées sur la glace et entourée de cabanes préfabriquées en bois contreplaqué et chauffées au moyen de poêles à bois. Durant le seul hiver 1950-51, on dépensa près d’un demi million de dollars, rien qu’en opérations de forage.

La compétition était grande et cinq entreprises différentes avaient fait transporter au Chibougamau des foreuses lourdes, moyennes et légères. Les spécialistes de ce genre de travail appartenaient aux compagnies suivantes : Demorest, Continental, Inspiration, Bradley Frères & Larocque. Le prix du forage variait entre deux et trois dollars du pied, selon la variété de roche que les mèches avaient à traverser.

Les foreurs du Chibougamau étaient de rudes gars ; et ils devaient être ainsi pour accomplir cette besogne : l’une des plus pénibles que je connaisse. Les manipulateurs de foreuses recevaient 1,25 $ de l’heure et leurs aides, 1, $ et ils gagnaient courageusement chaque sou. Ils peinaient presque tous douze heures d’affilée et le bruit, la puanteur, la vibration des moteurs pleins de graisse et crachant l’huile dans un vacarme infernal ne semblaient pas les ennuyer. Durant des mois ils ne se lavaient pas, mangeaient comme des loups et dormaient dans leurs vêtements imbibés de carburant. Il n’est pas étonnant que, de temps à autre, l’un d’eux empoignât une bouteille par le goulot et demandât à l’ivresse l’oubli de sa misérable existence.

Sans compter le forage, plusieurs entreprises minières se livraient à des recherches géophysiques ou mathématiques, car grâce à ces méthodes, elles parviennent à ré-